Une lettre est d'abord un signe, donc un visuel

Publié le par Anne


La communication écrite est avant tout visuelle

Dans mes conférences sur l'impact visuel d'un document écrit (sur le cerveau du lecteur donc), je commence toujours par le début, c'est-à-dire par la définition de la communication en la différenciant de l'information. Je survole en même temps les origines de l'écriture.
Comme chacun sait, quel que soit l'alphabet – code commun incontournable d'une langue écrite –, celui-ci est fait de signes auxquels a été donné un sens. Il s'agit donc d'abord d'un trait, d'un visuel, autrement dit d'une image. Tout ceci paraît évident. "La communication écrite est d'abord visuelle" est une phrase-clé. Je l'explique toujours dans la foulée car elle déclenche souvent un étonnement général parmi l'assemblée venue gentiment écouter la conférencière (des sourcils prenant la forme d'accents circonflexes sont révélateurs).

Ce 21 décembre, j'ai vu passer sur Twitter une information de Lionel (@lionelmyszka) indiquant un lien vers une démonstration de l'utilisation optimale d'un slide. Curieuse, j'ai donc attentivement regardé le contenu de ce lien, que voici :

http://bit.ly/i7pLAq

Il s'agit d'un slide créé par Olivier, du blog Simple Slide, et repris par Jean, du blog Webmarketing Junkie. Si vous l'avez ouvert, alors vous pouvez continuer la lecture de ce billet.

 

Petite constatation uniquement sur la forme
 

Page 1 = il manque un accent grave sur une lettre en capitale, en l'occurrence "3 PRINCIPES À IMITER". Passe encore, sachant que sur PC, cette gymnastique est assez contraignante. 

Page 3 = troisième et dernière ligne, syntaxe : à la place de "d'une façon différente que vos concurrents..." on devrait lire "d'une façon différente de vos concurrents..." (voire, pour les puristes, "d'une façon différente de celle de vos concurrents...). De même, je ne sais pas ce qui se passe au niveau des claviers mais à chaque fois, on retrouve quatre points au lieu de trois points en lieu et place des points de suspension. Ces derniers sont en outre éloignés alors qu'ils devraient être collés (il y a donc une espace en trop). Je sais, je vais passer pour une Chinoise. Il n'empêche que visuellement, on aimerait un meilleur raccord. :)

Page 4 = on aurait également aimé trouver une virgule après "Cet outil", d'autant que le phrasé est légèrement oralisé... Tiens, encore des points de suspension décollés.

Page 5 = idem.

Page 6 = idem.

Pages 7 à 9 = RAS. 

Page 10 = ah ! Je commençais à m'ennuyer... En effet, il manque un point final à la fin de la phrase.

Page 11 = belote.

Page 12 = rebelote.

Page 14 = et rebelote.

Page 15 = là, j'aurais mis le o de "oui" en majuscule.

Page 16 = point final.

Page 21 = ligne 2, un accent aigu sur le "e" de "spécial" aurait renforcé la lecture de ce visuel. Je ne parle plus du point final avec lequel l'auteur semble être fâché. Mais si on lui en parle, il se peut qu'il réponde ce que j'entends régulièrement : "Ah ! Je n'ai pas fait attention."

Page 22 = Outre notre ami le point final qui a pris des vacances, je m'arrête davantage sur l'impact visuel car la phrase en elle-même aurait (peut-être) été plus forte à la fois dans une autre couleur que ce noir et agrandie d'un corps ou deux.

Pages 23-24 = je supprimerais carrément le "N'oubliez pas :" pour afficher directement le message (visuellement, la page serait ainsi allégée de mots, offrant à l'œil l'essentiel du message). Ici, ainsi que page 25, notons que le point final n'est toujours pas rentré de vacances.

Pages 26 à 29 = préférer "préféreriez" plutôt que "préfèreriez... 

Page 32 = espace en trop entre "inconnus" et les points de suspension.

Pages 33 à 35 = idem + les points finaux qui prennent sans aucun doute du bon temps à Ibiza les veinards.

Pages 33 à 35 toujours = on ne dit pas "au prix d'or" mais "à prix d'or" (même si l'on dit "au prix fort").

Page 37 = la phrase commence par une minuscule, ce qui est bien puisqu'elle vient après deux points (contrairement à la page 23). Mais si l'élément "N'oubliez pas :" était supprimé, bien sûr, la phrase devrait alors débuter par une majuscule.

Page 37 toujours = du point de vue de la syntaxe "en faire moins, c'est le faire mieux" n'est pas français. "En faire moins, mais le faire mieux" aurait été plus pertinent.

Page 38 = point final pour finir la phrase.

Entre la page 38 et la page 40 = on passe du coq à l'âne sans transition.

Pages 40 à 43 = à ce stade hélas, cela devient du charabia car la forme écrite n'est pas soignée. Page 43, le mot "prêt" a carrément été oublié dans la dernière phrase. On se dit que l'auteur n'a pas relu = il n'apparaît donc pas très sérieux. CQFD ou comment avoir un impact négatif.

Page 47 = l'accent aigu sur le premier "e" de "expérience" est à supprimer. En revanche il manque un accent sur le second "e" du même mot.

Page 56 = accent aigu à mettre sur le deuxième "e" de "expérience".

 

Conclusion

Ce visuel aurait pu être impeccable – donc encore plus efficace – avec un peu d'attention et un suivi des règles de la langue utilisée. Nous pouvons constater que cette démonstration a (quand même) eu besoin de mots pour accompagner les images. On ne peut être que d'accord qu'il faille "donner de l'information de qualité", à condition que celle-ci soit délivrée de manière qualitative...

S'il est évident, comme il est expliqué, que "le poids des images est incroyable", n'oublions pas que les mots constitués de lettres ou signes, sont eux-mêmes des images avant d'être interprétés pour leur sens.
 

J'ai également lu le texte des réponses de l'interview que propose le billet de Jean : pas mal de fautes, aussi bien grammaticales que typographiques, s'y promènent. En ce qui me concerne, cela ne me donne pas envie de lire le reste.

Quand la forme torpille le fond...

 

Post-scriptum : si vous vous demandez pourquoi j'écris "slide" en italique, se référer à mon billet sur le sujet.

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